Les technologies d'émissions négatives sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques. Cet article explore différentes solutions telles que le captage direct du CO2, la bioénergie avec capture ou le boisement, en analysant leurs avantages et défis.
Comprendre les technologies d'émissions négatives
Les technologies d'émissions négatives (NET) représentent un éventail de solutions prometteuses pour relever le défi du changement climatique. Parmi ces approches figurent des moyens naturels de séquestrer le carbone atmosphérique ainsi que des procédés techniques novateurs visant à le capter et le stocker de manière sécurisée.
Nature et technologies : Une complémentarité nécessaire
Les solutions fondées sur la nature (SFN) constituent une catégorie essentielle des NET. Des pratiques telles que le
boisement, la
gestion améliorée des terres ou la
restauration des écosystèmes permettent d'augmenter durablement les puits de carbone naturels tout en préservant la biodiversité. Comme l'explique Kati Koponen du
VTT :
Les SFN sont essentielles car elles fournissent de fortes synergies entre l'atténuation du changement climatique, les objectifs internationaux de restauration de la nature et les objectifs plus larges de développement durable.
Néanmoins, ces solutions doivent être complétées par des techniques de captage et de stockage géologique du CO
2, dont le potentiel est considérable sur le long terme. Bien que gourmandes en énergie, des technologies telles que le
captage direct dans l'air (
DACCS
) ou la
bioénergie avec capture et stockage du carbone (
BECCS
) offrent des perspectives intéressantes pour éliminer et stocker durablement les émissions résiduelles.
Un portefeuille diversifié et complémentaire
Les récents travaux du projet
NEGEM, financé par l'Union européenne, démontrent l'importance d'un
portefeuille diversifié de NET combinant approches naturelles et techniques. Les conclusions préliminaires soulignent la nécessité d'un déploiement massif et coordonné de ces différentes solutions dès les années 2030 pour atteindre la neutralité climatique. Comme le résume Kati Koponen :
Un large portefeuille de NETP peut contribuer à relever les défis environnementaux et sociaux. Le déploiement des NETP devrait débuter dans les années 2030, ce qui souligne l'urgence d'élaborer des politiques et des réglementations claires au sein de l'UE et à l'échelle mondiale.
Les défis techniques, environnementaux et sociaux des NET
Les technologies d'émissions négatives (NET) sont perçues comme un moyen essentiel pour atteindre la neutralité carbone, mais leur mise en œuvre soulève de nombreux défis techniques, environnementaux et sociaux.
Un potentiel limité
Selon des rapports scientifiques récents, comme celui de l'EASAC en 2018 et le projet NEGEM, les NET actuelles n'ont pas la capacité d'absorber le dioxyde de carbone à l'échelle de gigatonnes, comme envisagé dans les scénarios du GIEC. Leur potentiel d'élimination du CO2 atmosphérique reste limité par rapport aux besoins estimés pour respecter les objectifs climatiques.
Des compromis sur l'utilisation des sols
Les modélisations combiant l'utilisation des sols et les systèmes énergétiques révèlent que le déploiement des NET impliquerait des arbitrages délicats entre différents objectifs :
- Le boisement et le reboisement entreraient en concurrence avec les terres agricoles, avec un impact sur la biodiversité.
- La séquestration géologique du CO2 nécessiterait de lourdes infrastructures et soulève des questions d'acceptabilité sociale variable selon les régions.
- Le captage direct de l'air (DAC) requiert des quantités d'énergie considérables ainsi que des sites de stockage sécurisés.
Un enjeu d'acceptabilité sociale
Comme le souligne NEGEM, l'acceptation sociale des différentes NET par les parties prenantes et les communautés locales varie grandement d'une technologie à l'autre et d'une région géographique à l'autre. Cet aspect sera crucial pour permettre un déploiement pérenne de ces solutions.
Un financement insuffisant
Malgré leur importance stratégique, les NET souffrent d'un sous-financement chronique, en particulier pour la séquestration géologique du CO2. Ce manque d'investissements freine considérablement leur développement à grande échelle, pourtant nécessaire pour viser une neutralité climatique durable. Des efforts financiers importants devront être consentis dans les prochaines années.
L'avenir des NET en France
La France n'est pas en reste dans l'émergence des technologies d'émissions négatives (NET). Plusieurs initiatives voient le jour pour combler le retard national dans ce domaine stratégique et allier ambition climatique avec compétitivité économique.
L'Association Française des Émissions Négatives (AFEN)
Créée récemment, l'AFEN regroupe des entreprises et des experts pour structurer cette nouvelle filière en France.
Des exemples chiffrés de NET en France
Bioénergie avec capture et stockage du carbone (BECCS)
La start-up française Carbon Impact élimine actuellement entre 5 000 et 10 000 tonnes de CO2 par an grâce à ses centrales biomasses utilisant la technologie BECCS. L'objectif ambitieux est d'atteindre 1 million de tonnes par an de CO2 capté et stocké d'ici 2030.
Boisement et Reboisement
Le ministère de la Transition écologique prévoit de planter 50 millions d'arbres d'ici 2025, avec une capacité d'absorption estimée à 12 millions de tonnes de CO2 sur leurs 20 premières années de croissance.
Captage direct de l'air
Près de Reykjavik en Islande, des entreprises françaises collaborent avec des infrastructures comme celles de Carbfix pour apprendre et adapter des techniques de captage direct de l'air en France.
Défis réglementaires et financiers
Malgré ces initiatives prometteuses, le développement des NET en France fait face à d'importants défis réglementaires et financiers. Des politiques claires, des régulations adaptées et un financement accru sont nécessaires pour que les NET contribuent efficacement aux objectifs climatiques français et européens.
L'essentiel à retenir sur les technologies d'émissions négatives en France
En France, le développement des technologies d'émissions négatives s'accélère pour réduire les émissions de CO2. Des entreprises innovent dans le captage du carbone, la biomasse ou le reboisement. Cependant, des défis règlementaires, financiers et d'acceptabilité restent à relever pour un déploiement à grande échelle contribuant efficacement aux objectifs climat.