Comment calculer la ration pour l’engraissement des bovins ?

Le calcul de la ration pour l'engraissement des bovins est une étape cruciale pour assurer une croissance optimale et une bonne santé des animaux. Cet article présente une méthode complète pour déterminer les besoins nutritionnels et calculer une ration équilibrée, tout en optimisant les coûts.
Bon à savoirPour une vache de 650 kg produisant 25 kg de lait, les besoins quotidiens sont de 16,3 UFL d'énergie, 1625 g de PDI d'azote, 39,7 g de phosphore et 49,15 g de calcium.

Comprendre les besoins nutritionnels des bovins en engraissement

Comprendre Les Besoins Nutritionnels Des Bovins En Engraissement
Comprendre les besoins nutritionnels des bovins en engraissement est fondamental pour optimiser leurs performances et leur santé. Une alimentation inadaptée peut entraîner des problèmes de croissance, de santé et impacter négativement la qualité de la viande produite.

Les besoins énergétiques

L'énergie est le moteur de la croissance et de l'engraissement des bovins. Elle est exprimée en Unités Fourragères Lait (UFL). Pour une vache de 650 kg produisant 25 kg de lait, les besoins énergétiques s'élèvent à 16,3 UFL par jour. Une sous-alimentation énergétique ralentit la croissance et diminue l'état d'engraissement, tandis qu'un excès d'énergie peut conduire à un engraissement excessif et des problèmes métaboliques.

Les apports protéiques

Les protéines sont essentielles pour le développement musculaire. Elles sont mesurées en Protéines Digestibles dans l'Intestin (PDI). Pour notre exemple de vache, les besoins s'élèvent à 1625 g de PDI quotidiennement. Un déficit protéique freine la croissance musculaire, alors qu'un excès est coûteux et peut surcharger le foie et les reins.

Les minéraux et oligo-éléments

Le calcium et le phosphore jouent un rôle crucial dans le développement osseux et de nombreuses fonctions physiologiques. Pour la vache de notre exemple, les besoins sont de 49,15 g de calcium et 39,7 g de phosphore par jour. D'autres minéraux comme le magnésium, le sodium, et des oligo-éléments tels que le cuivre, le zinc et le sélénium sont également indispensables en quantités adaptées.

Impact de la sous-alimentation ou suralimentation

Une sous-alimentation globale ralentit la croissance, diminue l'efficacité alimentaire et peut compromettre la santé des animaux. À l'inverse, une suralimentation, notamment énergétique, peut entraîner un engraissement excessif, des problèmes de pattes et une baisse de la qualité de la viande. Il est donc primordial d'ajuster précisément les apports aux besoins des animaux en fonction de leur stade physiologique et de l'objectif de production.

Adaptation aux stades physiologiques

Les besoins nutritionnels évoluent selon l'âge et le stade d'engraissement des bovins. En début d'engraissement, les besoins protéiques sont plus élevés pour favoriser le développement musculaire. En fin d'engraissement, les apports énergétiques prennent le pas pour favoriser le dépôt de gras intramusculaire, garant de la qualité gustative de la viande.

Méthodologie Pour Calculer La Ration D'Engraissement

Méthodologie Pour Calculer La Ration D'Engraissement
Le calcul d'une ration d'engraissement pour bovins nécessite une approche méthodique et précise afin d'optimiser les performances tout en maîtrisant les coûts. Cette étape fondamentale de la conduite d'élevage requiert une connaissance approfondie des besoins nutritionnels des animaux et des valeurs alimentaires des ingrédients disponibles.

Étapes du calcul de la ration d'engraissement

1. Détermination de l'objectif de gain moyen quotidien (GMQ)

La première étape consiste à fixer l'objectif de croissance en fonction du type d'animal (race, sexe, âge) et du système de production. Pour des jeunes bovins en engraissement intensif, on vise généralement un GMQ entre 1,3 et 1,6 kg/jour. Par exemple, pour un taurillon Charolais de 18 mois, on pourrait viser un GMQ de 1,5 kg/jour.

2. Évaluation de la capacité d'ingestion

La capacité d'ingestion varie selon le poids vif et l'âge de l'animal. Pour un jeune bovin en engraissement, on estime généralement une ingestion de matière sèche (MS) entre 2,2 et 2,5% du poids vif. Ainsi, pour un taurillon de 500 kg, la capacité d'ingestion serait d'environ 11,5 à 12,5 kg MS/jour.

3. Analyse des fourrages disponibles

Il est indispensable de connaître précisément la valeur nutritive des fourrages utilisés. Une analyse en laboratoire fournira les teneurs en matière sèche, énergie (UFL), protéines (PDI), cellulose brute et minéraux. Par exemple, un ensilage de maïs de bonne qualité pourrait avoir les valeurs suivantes :
  • MS : 32%
  • UFL : 0,90 /kg MS
  • PDIN : 44 g/kg MS
  • PDIE : 65 g/kg MS

4. Calcul des apports nutritionnels des fourrages

En se basant sur l'exemple précédent d'une ration type comprenant 10,8 kg MS d'ensilage d'herbe, 5,3 kg MS d'ensilage de maïs et 1,7 kg de foin, on peut calculer les apports nutritionnels de la base fourragère. Ces apports seront ensuite comparés aux besoins totaux pour déterminer les compléments nécessaires.

5. Détermination des apports en concentrés

Les concentrés sont ajoutés pour combler les déficits énergétiques et protéiques de la ration fourragère. Dans notre exemple, l'ajout de 1,2 kg de tourteau et 0,7 kg d'orge permet d'atteindre une ration équilibrée. Il est crucial de respecter un rapport fourrages/concentrés adapté pour maintenir un bon fonctionnement ruminal, généralement autour de 60/40 en engraissement.

Outils de calcul de ration

Plusieurs outils sont disponibles pour faciliter le calcul des rations d'engraissement :
  • Logiciels spécialisés : INRAtion, Obsalim, Feedbyte
  • Tableurs Excel personnalisés
  • Applications mobiles : RationBV, FeedExpert
Ces outils intègrent les dernières recommandations nutritionnelles et permettent d'optimiser rapidement les rations en fonction des objectifs de production et des contraintes économiques.

Ajustements et suivi

Le calcul initial de la ration doit être suivi d'ajustements réguliers en fonction des performances réelles observées (pesées) et de l'évolution du prix des matières premières. Un suivi hebdomadaire du GMQ et de l'indice de consommation permet de réagir rapidement en cas d'écart par rapport aux objectifs fixés. En appliquant rigoureusement cette méthodologie et en utilisant les outils adaptés, l'éleveur peut optimiser les performances de ses bovins en engraissement tout en maîtrisant ses coûts de production.

Optimiser la ration en réduisant les coûts

L'optimisation de la ration d'engraissement des bovins passe nécessairement par une réduction des coûts alimentaires, tout en préservant les performances zootechniques. Dans un contexte de volatilité des prix des matières premières, il est crucial d'explorer des alternatives économiques aux concentrés traditionnels.

Intégration de l'herbe dans les rations d'engraissement

L'utilisation de l'herbe, sous forme de pâturage ou conservée, constitue une piste intéressante pour réduire les coûts alimentaires. Des essais menés en stations expérimentales ont démontré qu'il est possible d'intégrer jusqu'à 35% d'herbe dans les rations d'engraissement sans pénaliser les performances. Cette stratégie permet de réaliser des économies substantielles :
  • 200 kg de matière sèche (MS) d'ensilage de maïs par vache
  • 29 kg MS de tourteau de soja par vache
  • 23 kg MS de blé par vache
Ces économies se traduisent par une réduction significative du coût alimentaire, pouvant atteindre 15 à 20% selon les contextes. Toutefois, l'intégration d'herbe nécessite une gestion fine des apports pour maintenir l'équilibre de la ration, notamment en termes d'énergie et de protéines.

Optimisation des apports en concentrés

Utilisation de matières grasses

L'ajout de matières grasses dans la ration, notamment en phase de finition, permet d'augmenter la densité énergétique tout en réduisant les quantités de concentrés. Des essais ont montré qu'une incorporation de 2 à 4% de matières grasses dans la ration sèche permet d'économiser jusqu'à 10% de concentrés énergétiques, sans impact négatif sur les performances.

Activateurs de synthèse microbienne

L'utilisation d'activateurs de synthèse microbienne représente une piste prometteuse pour optimiser l'efficacité protéique de la ration. Ces additifs, généralement à base de levures ou d'extraits végétaux, stimulent l'activité du rumen et améliorent la digestion des protéines. Selon les fabricants, leur utilisation permettrait d'économiser jusqu'à 10% des apports protéiques, soit une réduction potentielle de 100 à 150 g de tourteau de soja par jour et par animal en engraissement.

Valorisation des coproduits agricoles et agro-industriels

L'incorporation de coproduits dans les rations d'engraissement constitue un levier majeur de réduction des coûts. Parmi les options intéressantes :
  • Drêches de brasserie : riches en protéines (25-30% MS) et en fibres digestibles
  • Pulpes de betteraves : excellente source d'énergie (0,95 UFL/kg MS)
  • Tourteaux de colza : alternative économique au tourteau de soja
L'utilisation de ces coproduits peut permettre de réduire le coût de la ration de 5 à 15% selon les contextes, tout en maintenant les performances zootechniques. Cependant, leur incorporation doit être raisonnée en fonction de leur disponibilité locale et de leur prix relatif par rapport aux matières premières classiques.

Optimisation de la conduite alimentaire

Au-delà de la composition de la ration, l'optimisation de la conduite alimentaire joue un rôle clé dans la maîtrise des coûts :
  • Ajustement précis des quantités distribuées pour limiter les gaspillages
  • Fractionnement des repas pour améliorer l'efficacité alimentaire
  • Suivi régulier des performances pour adapter la ration en temps réel
Ces pratiques, combinées à une formulation optimisée, peuvent permettre d'améliorer l'indice de consommation de 5 à 10%, se traduisant par des économies substantielles à l'échelle d'un lot d'engraissement.

Adapter la ration en fonction des phases de l'engraissement

L'adaptation de la ration en fonction des phases de l'engraissement est une stratégie cruciale pour optimiser les performances et la rentabilité de l'atelier bovin viande. En décomposant l'engraissement en plusieurs étapes, l'éleveur peut ajuster précisément les apports nutritionnels aux besoins physiologiques des animaux tout au long de leur croissance.

Les différentes phases de l'engraissement

On distingue généralement deux grandes phases dans l'engraissement des bovins :
  • Le pré-engraissement : caractérisé par une ration fibreuse à base d'herbe (pâturée ou conservée)
  • L'engraissement ou finition : avec une ration plus dense en concentrés, notamment en énergie
Cette approche permet de réduire la croissance pendant la première phase, allongeant ainsi la durée totale de l'engraissement. En contrepartie, la dépendance vis-à-vis des correcteurs azotés diminue, mais le besoin en concentrés énergétiques augmente durant la phase de finition.

Effets des changements de régime sur la croissance

Les modifications du régime alimentaire ont un impact direct sur la vitesse de croissance et la durée de l'engraissement. Par exemple, une restriction de 35% en moyenne des quantités totales offertes dans une ration à base d'ensilage de maïs allonge de 16 jours l'engraissement pour atteindre un même gain de poids vif. Cette stratégie permet d'économiser par vache environ 200 kg MS d'ensilage de maïs, 29 kg MS de tourteau de soja et 23 kg MS de blé.

Équilibrer les apports énergétiques et protéiques

Pour chaque phase, il est nécessaire d'ajuster finement les apports énergétiques et protéiques :
  • Pré-engraissement : privilégier les fourrages riches en fibres (0,7-0,8 UFV/kg MS ; 80-85 g PDI/UF)
  • Engraissement : augmenter la densité énergétique (0,85-0,95 UFV/kg MS ; 90-100 g PDI/UF)
Il est recommandé de conserver des densités énergétiques et protéiques élevées en finition (0,85 UFV/kg MS ; 90 à 95 g PDI/UF) même en cas de restriction alimentaire.

Adaptation aux variations de prix et disponibilités

Face aux fluctuations des marchés des matières premières, plusieurs leviers permettent d'adapter la ration :
  • Substituer partiellement les céréales par des coproduits moins onéreux (pulpes, drêches...)
  • Valoriser au maximum les fourrages de l'exploitation en pré-engraissement
  • Ajuster la durée des phases selon les disponibilités et les cours des aliments
  • Utiliser des matières grasses en finition pour densifier la ration à moindre coût
Un suivi régulier des performances et une actualisation fréquente des formulations sont indispensables pour optimiser la rentabilité de l'atelier dans un contexte économique changeant.

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